RÉSEAU QUÉBÉCOIS
SUR L’INTÉGRATION CONTINENTALE

Le 26 sept. 2014 : plusieurs centaines de manifestants à Ottawa face au Sommet Canada-Union européenne

lundi 29 septembre 2014 par Pierre-Yves

Tandis que Harper envoyait le message suivant sur twitter :
Merci @euHvr & @BarrosoEU notre sommet Canada-UE a été une réussite. L’#AECG créera des emplois pour des générations. pic.twitter.com/8l2Y4WYzl9

avec une photo qui aurait été plus crédible si elle avait ressemblé à celle-ci :

Plusieurs centaines de manifestants ont marché sur la Colline du Parlement en scandant "Non à l’AÉCG" tout en transportant un maillet géant...


en guise de symbole des pouvoirs démesurés que l’AÉCG accorde aux entreprises transnationales, entre autres via le chapitre de protection des investissements étrangers et le mécanisme de règlement des différends "Investisseur-État". Plusieurs soutiennent que les pouvoirs des investisseurs constituent une réelle menace à la démocratie et ses institutions, et à l’indépendance de nos systèmes de justice en instaurant une justice parallèle. Le pouvoir croissant du "Big business" écrase (d’où le maillet...) la capacité des États de gouverner pour l’intérêt public, entre autres dans les domaines de l’environnement, des services publics, du développement local, de la création d’emplois de qualité.



Quelques heures avant le début du Sommet, la Commission européenne cédait aux pressions populaires (voir entre autres la DÉCLARATION CONJOINTE TRANSATLANTIQUE des mouvements sociaux du 25 sept. 2014) et mettait pour la première fois en ligne LE TEXTE DE L’AÉCG (en anglais uniquement, bien sûr). Mais déjà une excellente étude du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) l’attendait au tournant. Disponible en ligne depuis le 25 septembre, la publication du CCPA regroupe une excellente série de textes qui analysent, sans doute pour la première fois avec autant de détails, l’impact qu’aura l’AÉCG dans divers domaines. Il s’agit là d’une lecture incontournable qui renverse à bien des égards le discours teinté de "pensée magique" des promoteurs du libre-échange : https://www.policyalternatives.ca/publications/reports/making-sense-ceta

Plusieurs se demandent si le Sommet Canada-UE ne visait pas essentiellement à "bâillonner" les opposants à l’AÉCG ou les gouvernements qui souhaiteraient voir des modifications aux textes, comme c’est le cas de l’Allemagne. Déjà en août dernier, des fonctionnaires de ce pays avaient laissé connaître la réticence de leur gouvernement à endosser un accord qui inclurait le mécanisme Investisseur-État. À quelques jours du Sommet d’Ottawa, le secrétaire d’État du parlement pour le ministère de l’économie et de l’énergie, Mr. Beckmeyer, réitérait l’affirmation en déclarant que l’Allemagne souhaitait des modifications significatives à l’AÉCG sans quoi il ne le signerait pas : http://www.theglobeandmail.com/news/politics/germany-demands-changes-to-canada-eu-free-trade-pact/article20798559/

Dans ce contexte, le Sommet d’Ottawa a pris effectivement toutes les apparences d’un montage médiatique pour tenter de faire croire, pour une troisième fois en moins d’un an, que l’accord est arrivé à sa conclusion alors qu’une résistance croissante se fait sentir en Europe sur plusieurs aspects de ce qui a été négocié.

De fait, faut-il se rappeler l’accord de principe d’octobre 2013 à Bruxelles ou l’annonce en plein été d’un texte finalisé en août 2014, pour réaliser que voilà la troisième fois que Harper annonce la conclusion de l’AÉCG ? Flanqué de ses homologues Barroso et Van Vompuy, dont les mandats au sein de l’UE prennent fin dans quelques jours, laissant planer un déficit de légitimité alors qu’un nouveau Parlement européen entrera en fonction sous peu, Harper fait bien de vérifier à deux fois si les médias l’ont réellement cru en conférence de presse au moment d’affirmer que l’accord était conclu.

Déjà, quelques minutes plus tôt, le Premier ministre avait bien l’air de se demander "combien de fois devrai-je signer l’accord pour qu’on me croit qu’il est conclu ?"

Le Sommet d’Ottawa ressemblait plus à un non-événement qu’à autre chose. Si on lit entre les lignes de la DÉCLARATION du 26 septembre signée par Harper, Barroso et Van Rompuy, on est porté à le croire.
Une histoire à suivre... tout laisse à penser qu’il reste encore une bonne marge de manoeuvre pour soulever les questionnements qui s’imposent et créer les conditions d’un vrai débat public avant que l’accord ne soit "signé"... à nouveau...

La mobilisation devra s’intensifier. Et il est fort positif de voir un nouvel acteur, le Syndicat international des marins du Canada, s’inquiéter des impacts et coordonner ses énergies avec les réseaux d’opposition qui mènent la lutte depuis plus de 4 ans. Et les raisons sont bonnes : les emplois du secteur maritime canadien seront menacés avec une éventuelle entrée en vigueur de l’AÉCG : l’accord fragilisera ou même éliminera les lois de cabotage, avec l’effet de favoriser l’entrée d’intérêts étrangers dans le secteur. L’industrie maritime illustre bien que ce n’est pas avec création d’emplois que rime l’AÉCG, mais plutôt avec pertes d’emplois. D’autres secteurs de l’économie québécoise et canadienne feraient bien de commencer à s’inquiéter, dont les petites et moyennes entreprises, dès lors que les États auront abandonné plusieurs de leurs instruments pour soutenir l’économie locale, régionale et nationale.









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